Présentez-nous votre entreprise (secteur, activité, clients) ?

Bureau Vallée est une enseigne de grande distribution spécialisée dans la papeterie, les fournitures de bureau, bureautique et consommables informatiques. L’enseigne a été fondée en 1990 par Bruno Peyroles. A la fin des années 90, elle se développe en réseau de franchise, pour atteindre 350 magasins à travers le monde aujourd’hui. Notre clientèle est majoritairement composée de professionnels (TPE, PME) mais aussi de particuliers, notamment aux périodes de rentrée des classes.

Quelle est votre définition de la « Durabilité » ?

La durabilité c’est l’art d’allonger la durée d’utilisation des produits. Elle dépend de notre capacité à nous poser les bonnes questions sur nos modes de consommation et leur impact sur notre planète. Comment mieux consommer, moins jeter, davantage réutiliser, réparer ?

Pour Bureau Vallée, la durabilité est un pré-requis qui fait partie de l’essence même de notre ADN qui concilie économie & écologie.

Dès les tout débuts de l’enseigne, Bruno Peyroles a très vite choisi de se tourner vers de grandes marques, souvent françaises ou européennes (en papeterie), car les produits premiers prix, souvent fabriqués en Chine, étaient peu qualitatifs, fragiles et déceptifs. Le concept est né : des marques à prix discount. Ou une autre façon de dire que l’on cherche à concilier prix compétitif et durabilité pour s’assurer que nos clients puissent continuer à nous faire confiance. Et c’est resté notre objectif depuis les années 90.

Comment votre entreprise contribue concrètement à la durabilité des produits/ services (bonne pratique, service spécifique, organisation… idéalement avec quelques chiffres marquants) ?

Depuis 1994, nous rachetons en magasin les cartouches d’imprimante vides dans une logique d’économie circulaire. En 2019, nos magasins ont récupéré plus de 2 250 000 cartouches vides. Ce sont autant de déchets évités car nos fournisseurs se chargent ensuite de les recycler ou de les reconditionner quand c’est possible. Ces produits peuvent ainsi avoir plusieurs vies, nous les proposons donc à la vente reconditionnés et compatibles avec les grandes marques d’imprimantes. Nous faisons de même avec les calculatrices usagées. Souvent onéreuses et cantonnées à un usage limité à quelques années scolaires, nous les rachetons pour les proposer ensuite d’occasion à des tarifs préférentiels, prolongeant ainsi leur durée de vie.

Nous proposons aussi du matériel informatique reconditionné en magasin. Notre volonté est ainsi de lutter contre la surconsommation en réemployant les produits pour les proposer comme neufs au meilleur prix. 800 tonnes de CO2 ont été évitées par nos ventes de matériel informatique reconditionné en 2018/2019.

Nous avons également mis en place la notation écologique depuis 2009 de la totalité des 30 000 références vendues dans nos magasins pour répondre à deux objectifs : éclairer le choix du consommateur et inciter nos fournisseurs à faire évoluer leurs pratiques. Les produits sont classés de A à E par un cabinet indépendant de conseil en environnement selon leur performance environnementale et sociétale. Provenance, matériaux utilisés, transport, optimisation de l’emballage : pour chaque produit, nos fournisseurs sont invités à répondre à une trentaine de questions qui aboutissent à un score traduit en lettre apposée dans les rayons. Depuis la mise en place de la notation, les produits classés B ont plus que triplé pour atteindre 30% des volumes de vente, les produits classés D sont de moins en moins vendus, ceux classés E ont été sortis des rayons.

Quels sont vos enjeux majeurs actuels (en rapport avec la durabilité des produits/services) ?

Nous souhaitons proposer en magasin des services de réparation des produits de bureautique / informatique. Un de nos enjeux majeurs est la réparabilité des imprimantes : en effet ces produits font partie des plus concernés par l’obsolescence programmée et il est souvent plus avantageux économiquement d’acheter une imprimante neuve (désormais accessible à tout budget) que de passer du temps à réparer la défectueuse. Pour preuve ce test réalisé en 2020 dans plusieurs magasins Bureau Vallée où nous proposions à nos clients de récupérer leurs anciennes imprimantes : plus de 50% des imprimantes rapportées étaient encore fonctionnelles ou avec une panne réparable. Nous voulons sortir de la spirale qui pousse le consommateur à remplacer son produit en lui proposant une gamme de services et de pièces détachées autour de la réparation.

Nous sommes ouverts et motivés pour accompagner toutes idées innovantes en matière de produits plus durables, qui viendraient challenger la durabilité des produits de grande marque internationale. L’innovation est dans notre ADN et nous voulons être précurseur pour proposer l’imprimante “garantie à vie” ou l’ordinateur “increvable” de demain.

Nous cherchons aussi à développer des partenariats avec des acteurs locaux, en circuit court, que ce soit pour la réparation, le sourcing de produits reconditionnés ou l’économie circulaire autour de la cartouche.

Quel est votre avis sur la nouvelle loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (points positifs et regrets) ?

C’est une étape importante dans l’accélération de la mise en œuvre de la transition écologique à l’échelle nationale. On s’aperçoit que sans évolution de la législation, il est long et difficile de changer les habitudes de consommation. Cette loi va aider à la transformation profonde de notre société, par la créativité et l’ingéniosité de ceux qui feront de ces nouvelles restrictions des opportunités d’innovations.

Depuis plusieurs années déjà nous travaillons sur des sujets qui font écho directement à cette loi : la récupération des cartouches, le reconditionné, le vrac, etc…

Un regret : le délai de mise en place. Certains sujets, comme l’harmonisation du tri des déchets, sont prévus tardivement.

Quelles sont vos sources d’inspiration/ exemples emblématiques en matière de durabilité ?

Beaucoup de membres du club de la durabilité sont sources d’inspiration : SPAREKA par exemple pour les pièces détachées et l’aide apportée au consommateur pour réparer, KIPPIT pour leur capacité à proposer des produits éternels.

Nous puisons aussi notre inspiration au contact de nos fournisseurs et partenaires actuels.

Récemment nous avons intégré une petite entreprise qui se lance dans le reconditionnement de cartouches en France : PRINTERRE. Ce marché a quasiment disparu dans le pays et nous sommes très heureux de pouvoir accompagner cette entreprise dans son développement vers la cartouche reconditionnée française.

Localement, certains de nos magasins ont des initiatives que nous trouvons géniales. Je pense notamment au magasin d’Agen qui fait reconditionner en local des imprimantes par un expert informatique de sa zone. On offre ainsi une seconde vie à des produits destinés à la poubelle tout en conservant un périmètre d’intervention local.